Sud Ouest : Bordeaux, vues intérieures

"Un journaliste mauritanien à Bordeaux". C'est le titre qui s'est imposé à moi, quand a pris fin, cette semaine passée dans la capitale de l'Aquitaine. L'article que j'avais décidé d'écrire sur ces quelques jours d'immersion, avec de jeunes journalistes algériens, tunisiens et mauritaniens dans l'univers captivant du groupe Sud Ouest, est à l'image, un peu, de ce "Nègre à Paris » de Bernard Dadié : le regard de l'autre et mon regard sur l'autre.

De la France, je ne connaissais que Lyon, découvert il y a longtemps, très longtemps (1995) et Paris vu furtivement grâce à un changement d'avion pour le Japon. Une semaine à Bordeaux et une immersion dans le journal Sud Ouest m'ont permis d'avoir une autre idée de la France : la région comme réalité et attachement à un vécu qui fonde l'existence de l'individu et de la communauté. C'est un peu une échelle de valeurs que l'on rétablit, au sein d'un média, comme protection et source de renouvellement. Parfois de simple survie.

Quand on se rend compte que le monde change, il faut aussi accepter de changer. le traitement que l'on fait de l'actualité régionale, à Sud Ouest ou dans un média français qui suit la même logique de proximité, permet aux "citoyens provinciaux" d'avoir une information de qualité et d'être, comme dirait Descartes, "maîtres et possesseurs" de ce qu'ils lisent, voient ou écoutent.

En Afrique, où les tribus "occupent" les régions comme au temps des fiefs et domaines du Moyen âge, on mettra peut être longtemps à repiquer une expérience comme celle de Sud Ouest, mais l'on aura au moins compris que la "décentralisation" de l'information est un processus déjà bien engagé et quasiment irréversible.

Sneiba